Voilà
que nous arrivons dans un café chic à souhait, «Le Kun passage La
Lucerna, Prague», un lieu sympa peu fréquenté par des touristes nouveaux riches des
pays de l'est arborés de leurs sacs "prada", ou par des voyageurs du
soleil levant fiers de leurs appareils les plus sophistiqués, derniers
modèles dont les zooms sont de plus en plus énormes, regardant le
résultat de leur chasse en attendant que le serveur prenne leur
commande, ou par quelques européens perdus dans leur page de guide, scrutant
rigoureusement ce qu'il ne faut pas rater à voir. Mais un lieu chic
peuplé par de simples habitués locaux discutants affaires ou histoire
d'amour sur un fond de blues joué magistralement par un vrai vieux
pianiste sorti de « Buena vista social club ». Et dans ce lieu d'art
décoré « art-déco », j'ai choisi ce gâteau dont la forme est pour moi la
plus incongrue et qui fait fausse note. Je me souviens alors du
meilleur gâteau de mon enfance, pas le cake de ma tante Huguette, ni le
flan caramel que nous avons préparé avec amour pour mon père pour son
premier repas à la prison d'Antanimora (après des déconvenues avec le
gouvernement bolchévique du moment), mais celui de la pâtisserie suisse
d'Antaninarenina, le "Cygne à la Chantilly", une récompense après notre
descente de la colline de Tana après l'école le samedi. Goûtant mon
petit gâteau nappé de chocolat noir, le monde s'est renversé (comme le
cheval devant moi), j'ai retrouvé ma crème chantilly d'antan. Le cygne
est toujours en moi. Mon cœur continue encore de battre très fort chaque
fois que je pousse la porte d'une pâtisserie ...
— en voyage à Praha de Palác Lucerna Praha.
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